Il a grandi en étant entouré de peintures et d’œuvres. «Celles que mes parents collectionnaient dans ce qui est aujourd’hui ma casa-studio. Ils dégottaient des objets, des masques, des toiles, des pièces design ou de brocantes, tout pour me forger un univers éclectique», raconte le peintre aux origines du sud de l’Italie. Max Petrone est né et vit à Turin. Il a fait de sa passion son travail et se souvient qu’il a toujours aimé dessiner. «Ma mère me donnait toujours des feuilles et des crayons et j’en redemandais.»
En plein confinement, il a communié avec l’œuvre du maître Picasso pour lui ravir Guernica, qu’il projette dans le troisième millénaire. En constante expérimentation dans son processus artistique, sa récolte est fructueuse. «J’ai toujours été un autodidacte, mais je me suis inscrit au lycée artistique, où mes professeurs m’ont inculqué le goût de l’art, la créativité et où j’ai pu développer mon intuition. J’ai commencé à poster mes réalisations sur les réseaux sociaux et c’est par ce biais que j’ai décroché des collaborations qui m’ont catapulté dans une nouvelle dimension artistique.» Sa capacité à mélanger diverses techniques et à expérimenter de nouveaux styles est reconnue comme une des plus originales en Italie. Il a déjà exposé à la Biennale de Venise ; ses huiles, sprays et acryliques expriment son originalité autant que ses travaux de graphisme, ses vidéos et sa manière de revisiter des objets design.
En effet, Max Petrone n’a pas que du sang dans les veines. Spécialiste de la technique picturale au café, il en a fait un live painting à l’occasion de l’Exposition universelle à Milan en 2015 pour illy, la célèbre marque de café italien qui a vu Jeff Koons, James Rosenquist, Marina Abramovic ou encore Matteo Thun signer tasses et boîtes à café design en éditions limitées et numérotées. Son parcours comprend des pièces éclectiques mais son style est unique. Ce portraitiste issu des beaux-arts, formation supérieure qu’il n’a pas terminée pour se mettre à travailler concrètement, s’affirme dans une ligne directrice qu’il reprend pour sa dernière création: «Les bons artistes copient, les grands artistes volent». C’est en volant cette citation à son auteur, Pablo Picasso, que Max Petrone a réinterprété une œuvre majeure, sans même la renommer, si ce n’est de manière numérale. Guernica 3000 se veut à l’image de la société actuelle, une explosion d’expressions qui suit l’isolement induit par la pandémie de Covid-19. «L’occasion de rester concentré, et enfermé pendant le confinement imposé par les autorités italiennes m’a permis de réaliser cette toile très personnelle dans un moment – coïncidence ou non – qui marquera l’histoire, au même titre que la mort de José Gomez Ortega et la guerre civile espagnole dans le cadre du drame de la ville de Guernica avaient inspiré Picasso en 1937.»
Comme un hymne à l’art contemporain et futuriste en même temps, Max Petrone a passé un mois à rassembler des images, à faire des croquis et encore un mois pour réaliser cette toile. «J’ai conservé le schéma et la composition originale de l’œuvre, en me l’appropriant, en la revisitant et en la bouleversant complètement», continue l’outsider qui fuit les galeries et travaille sans agent, sans bureau de communication mais implique son entourage dans ses projets.
Pour celui qui n’a jamais exercé d’autre métier qu’artiste, cette réinterprétation mélange tous ses styles picturaux et graphiques. Son point de départ a été un collage photographique qu’il a réalisé seul. «J’ai modulé les noirs et les blancs, ainsi que les gris, dans une balance qui devait atteindre l’objectif que je m’étais fixé», continue Max Petrone qui a non seulement respecté l’œuvre originale, mais aussi mis en pratique l’enseignement du maître, en lui dérobant son approche. «J’ai également conservé les dimensions du tableau qui mesure plus de 3 mètres de haut sur presque 8 mètres de long. Qui sait, peut-être que ma toile aura le même destin que Guernica, d’abord exposée au MOMA de New York puis de retour en Espagne en 1981, au musée Reina Sofia à Madrid.» En attendant, on trouve ses peintures sur Saatchi art et en le contactant directement via les réseaux sociaux, sur lesquels il est actif, artiste, mais homme du monde avant tout.
Voir son travail en vidéo, réalisée par Alessandro Pisani pour le magazine Grey Ladder.
Texte: Monica D'Andrea