Leurs terrains de jeu ont la taille d’une boutique, d’un appartement voire d’une palais tout entier. Pour leur première participation a Design Miami / Basel, Britt Moran et Emiliano Salci, décorateurs et fondateurs, à Milan, de Dimore Studio occupent un tout petit stand de la section Curio réservée aux projets spéciaux. « Ce qui n’est pas plus mal, explique Britt Moran. On sort juste du FuoriSalone de Milan où nous avons travaillé avec beaucoup d'espaces très grands. Et puis pour nous, Design Miami / Basel représente une excellente occasion de rencontrer de nouveaux clients, de montrer ce que nous savons faire. »
Le style Dimore ? Une capacité virtuose à mixer les genres et les époques, où la musique (leur playlist sont d’enfer) et les odeurs donnent au visiteur de leurs installations l’impression d’entrer sur un plateau de cinéma.
A Bâle, l’actrice principale est une spectaculaire commode de l’architecte Piero Portaluppi (le galeriste Massimo De Carlo vient d'ailleurs d'ouvrir son dernier espace à Milan dans l'un de ses immeubles, Viale Lombardia). « Son travail nous passionne. Il représente, pour nous, l’esprit milanais. Comme nous aimons raconter des histoires, nous avons associé ses meubles des années 1920-1930 avec des pièces d’autres grands maîtres du mobilier italien comme Gabriella Crespi, Osvaldo Borsani ou encore Angelo Lelii. »
Mais aussi avec les travaux contemporains de Pierre-Marie Agin. « C’est un jeune designer parisien. On s’est rencontré il y a huit ans. Mais c’est la première fois que nous travaillons ensemble. » « Pour moi, cette exposition est très émouvante, reprend l’intéressé. J’ai grandi à Paris dans les années 1990, à une époque dominé par des appartements minimalistes, tout blanc, sans rideaux, sans tapis, sans tissu. La tapisserie et le vitrail m’ont toute de suite attiré, même si je ne savais pas exactement ce que j'allais en faire. C’est à travers la vision de Britt et Emiliano que j’ai découvert que la décoration pouvait être un débouché intéressant. »
Pour entamer son projet bâlois, les Milanais ont montré la fameuse commode à Pierre-Marie Agin. « le tapisserie et le vitrail ne sont pas des typologies avec lesquelles ils ont l’habitude de travailler. J’ai donc proposer ce paravent en verre qui épouse la forme si particulière de ce meuble, et qui lui fait comme une ombre. J’ai aussi dessiné une tapisserie fabriquée à la manufacture d’Aubusson. Elle raconte l’histoire d’un amateur de parfum qui posséderait des céramiques chinoises et vivrait environné de bouquets de fleurs et de brûle-parfum antiques. Car pour moi, les Dimore sont des parfumeurs. Tous leur travail est basé sur l’évocation, sur le rêve. Mais sans être conceptuel. Ils possèdent ce sens de la poésie et de la narration qui vous emporte dans les hautes sphères de l’imaginaire. »
Texte: Lena Baltz