«Mon art est né de mon amour pour ce qui m’entoure, mon pays, les villes dans lesquelles j’ai grandi», raconte Marco Michelini. Un dessin sur une toile, des logos, des affiches de films, l’imagerie moderne qu’il peint porte une symbolique engagée. Entre sa pensée et ses tableaux, il cherche à affiner l’âme de son œuvre, des idées qui se cachent sous la résine qui protège l’énergie typique de cet artiste qui signe MYFO78. Lui seul connaît les messages sous les couches de peinture, collages et graffitis qui caractérisent un style que les célébrités comme Dolce et Gabbana, Dsquared2 ou Philippe Plein s’arrachent.
«Je suis quelqu’un de simple, mon Instagram est ouvert. Je réponds volontiers à toutes les demandes car j’aime communiquer sur ce que je fais», continue Marco. Il a appris son art grâce à sa fascination pour le street art et les taggeurs de la ville de Milan qu’il aime depuis toujours. Ses œuvres sont ses enfants, son art fait partie de lui. D’aucuns l’ont surnommé le nouveau Warhol, d’autres pensent immédiatement à Banksy ou à Jean-Michel Basquiat en voyant les tableaux riches en couleurs fluo et phosphorescentes. «L’épaisse couche de résine qui les recouvre est là pour apporter de la puissance, plus de luminosité», ainsi qu’une forme d’éternité, dit-il. J’utilise un composant de résine que je finis par égaliser avec une spatule. J’en nettoie les résidus avec un chalumeau et le résultat ressemble à du verre», révèle MYFO78.
L’artiste autodidacte vit au cœur Gênes, la Bella Signora. Il voyage comme un fou, est exposé dans différentes galeries comme Gallart à Miami, sur les murs de restaurants prestigieux comme le da I Gemelli à Milan. Jet-setteur en apparence, il aime les gens, accompagne et participe aux soirées VIP. «Un univers que je connais bien car j’ai commencé de zéro. J’avais une société de services dans le secteur du luxe. Je réapprovisionnais les yachts des célébrités, jusqu’à ce que je finisse par trinquer à bord avec elles», raconte MYFO78, qui, au départ, a choisi ce pseudonyme pour en faire une marque de mode. M comme Marco, puis le reste pour former MYFO dans une sorte d’inspiration qui chantait bien avant d’y apposer son année de naissance.
Classe 1978. L’artiste appartient à la génération… entre X et Y. Issu de parents qui lui ont transmis leur envie de s’exprimer, le jeune artiste élabore ses dessins à la main ou sur ordinateur, pour apporter plus de profondeur au regard des personnages qu’il met en scène en fonction de son interprétation personnelle. En plein coronavirus, il vit sa période de confinement de manière relaxée: «Je ne peux plus voyager, la frénésie du quotidien a laissé la place à la possibilité de travailler plus sereinement. J’en profite pour améliorer ma technique.» Le succès, il l’a rencontré lors d’une soirée à laquelle participait Paris Hilton. La célèbre héritière voit un de ses tableaux dans une boîte de nuit. Elle le fait illico appeler dans son carré VIP. «Sur un caprice, elle avait dit qu’elle ne quitterait pas l’endroit tant qu’elle n’aurait pas acheté une de mes toiles. Grâce aux stories qu’elle a postées sur Instagram, je me suis retrouvé du jour au lendemain à Los Angeles et mes œuvres partout dans le monde. Je cherche constamment à parfaire mon art. Personne ne vient sonner à ta porte, il faut rester actif. Je tiens cette ligne de conduite de mes années au service de l’entrepreneur et ancien directeur de l'écurie de Formule 1 Renault F1 Team Flavio Briatore.»
Et les commandes alors ? «Le bouche à oreilles a fait son effet. Actuellement, je suis représenté par Eugenio Falcioni.» L’artiste a toqué à la porte du propriétaire de la galerie EF à Milan, il y a deux ans. Sans hésitation, la collaboration démarre. Le galeriste convainc le Cipriani de Monte-Carlo de remplacer les 18 Warhol accrochés dans le restaurant de l’hôtel par les œuvres de Marco. Là où son «rival» Alec Monopoly a également demandé à exposer ses toiles. Même style? «Non, même école mais des messages et des techniques très différentes», analyse Marco Michelini qui adopte l’image du bandit, ce marginal que chacun porte en soi, cette figure qui reflète les convictions, la rébellion, l’engagement ou la dénonciation d’une société où parfois la distinction entre le bien et le mal ne tient qu’à un fil. Comme le Joker, le justicier fou que les failles du système ont poussé à l’extrême.
Son bandit arbore le plus souvent les couleurs de l’Italie, son pays d’origine, qu'il emmène jusqu’à la galerie Scope à Miami, où il a exposé pour la première fois en Floride. «Cette notoriété me plaît mais je garde les pieds sur terre, je continue à penser qu’il faut être tourné vers l’autre pour que le succès ait un sens.» S’il vient souvent en aide à l’association Save the children, il apporte sa pierre à l’édifice également en cette période de pandémie en donnant des œuvres pour lutter contre le Covid-19. «Quand on a eu de la chance dans la vie, il est bon d’en faire autant en la redonnant aux gens autour de soi.»
Texte: Monica D'Andrea