Lorsqu’on chine des pièces uniques, il faut savoir faire preuve de patience. Trouver la perle rare et l’intégrer à un intérieur harmonieux n’est pas une science exacte, mais un art qui se construit sur des années. « Il m’a fallu vingt ans pour en arriver là », confie Angelo Melcarne, spécialisé en architecture et architecture d’intérieur, passionné d’art et de design. Chaque objet, chaque élément décoratif a une histoire et contribue à créer une atmosphère qui lui est propre. C’est là que cette magie opère, chez Falsarella décoration SA, dont l’action a lieu au cœur du foyer de ses clients. L’aménagement d’intérieur devient un défi pour ces professionnels, Stefan Falsarella et Angelo Melcarne, qui ont besoin d’un lieu à l’image de leur touche experte.

Ce qui frappe en entrant dans cet espace, c’est la cohérence et l’équilibre entre le fonctionnel et l’esthétique. Loin d’être figé, l’aménagement évolue, se transforme et se renouvelle, reflétant une personnalité qui ne conçoit pas l’intérieur comme un simple décor, mais comme une extension de soi. « On fait ce qu’on sait faire : aller avec le cœur et nos convictions profondes, raconte Angelo Melcarne. C’est une nouvelle vision du showroom, car l’univers du design et de l’architecture d’intérieur est en constante évolution, et certains lieux incarnent parfaitement cette dynamique. C’est le cas de notre lieu de travail, pensé non pas comme une simple vitrine, mais comme une véritable expérience immersive. » Derrière ce projet ambitieux se trouvent des passionnés qui ont su conjuguer expertise architecturale et intuition décorative pour proposer un lieu où l’on vient volontiers boire un café... et on repart avec une lampe. Cet appartement dans ce bâtiment du XXe siècle – une époque qui plaçait le mouvement et la perspective au cœur de ses préoccupations – renferme 50 ans d’activité familiale ; autant d’années passées à redécorer des maisons de maître, des appartements, des bureaux et bien d’autres lieux de vie. Une entrée accueillante avec salon et des objets d’art provenant de collections privées, telles “Arcturus II“, une tapisserie de Victor Vasarely. Une chambre à coucher aux murs bleu wedgwood et au plafond tapissé de “Nuvole“ de Fornasetti appelle au prélassement. Une cuisine élégante, à l’image de sa table à manger en verre fumé, nous invite à prendre place pour y savourer un café et babiller. Enfin, une matériauthèque de compétition.


Avec une transformation subtile, mais maîtrisée, Falsarella Décoration, installé historiquement à Lausanne depuis 1971, a connu des modifications notables, sans pour autant perdre son âme. « Une amie, connaissant bien l’évolution de ces murs, a noté un changement significatif, mais en parfaite continuité avec les valeurs initiales. Avant, c’était minuscule, et il était compliqué de présenter certains savoir-faire. Aujourd’hui, nous avons les moyens de donner une nouvelle ampleur à notre vision », décrit Angelo, associé de Stefan, lui-même fils des fondateurs, qui travaille dans la maison familiale depuis plus de vingt ans pour créer des projets exclusifs. Il préfère rester discret sur ses réalisations, souvent réservées à des clients préférant l’anonymat. Son empreinte est bien là, perceptible dans chaque détail.

L’architecture d’intérieur est plus qu’une question de décoration. Derrière cette transformation se cache une véritable approche architecturale. « On pourrait croire que nous n’avons rien fait. Les murs sont restés en place, les volumes n’ont pas été touchés. Pourtant, la pièce a doublé de volume. » Un paradoxe rendu possible par une maîtrise parfaite de l’espace, de la lumière et de la circulation visuelle.

L’éclairage, travaillé en particulier avec l’intégration de produits du créateur italien Davide Groppi, joue un rôle clé. « « Stefan a toujours été très sensible à l’éclairage. Pour lui, c’est l’un des aspects les plus fondamentaux d’un projet. » Rien n’est laissé au hasard, chaque choix a été fait avec intention. Nous ne posons pas un papier peint juste pour le présenter à nos clients, mais parce qu’il raconte une histoire et qu’il est nécessaire à l’espace. » Un exemple concret : la cuisine. Elle a été pensée comme un lieu de convivialité, où la décoration vient renforcer la chaleur de l’espace. « La table, l’éclairage, le papier peint : tout a été réfléchi comme si nous avions été mandatés par un client. » Si le showroom est conçu comme une galerie vivante, il ne se limite pas à présenter des produits individuels, fussent-ils de grande qualité. « Je ne veux pas que ça ressemble à un showroom classique. Même ici, tout doit raconter quelque chose. » Inspirés par des figures emblématiques comme David Hicks ou Angelo Mangiarotti, les concepteurs ont mis en avant l’idée d’un dialogue fluide entre l’intérieur et l’extérieur. « Quand on a vu ce motif chez Misha, on s’est dit : c’est trop beau. Alors, on l’a personnalisé, on l’a adapté sur mesure pour ce lieu. » Ainsi, une branche de Ginkgo semble littéralement pénétrer la cuisine, créant une transition subtile entre nature et intérieur. « Ce papier peint raconte une histoire, ce n’est pas juste un élément décoratif. Il fait écho à l’environnement immédiat. »

Dans un secteur où le design et la décoration peuvent parfois sembler standardisés, ce showroom indépendant offre une approche différente, où chaque choix est justifié par une vision cohérente. Entre intuition et maîtrise architecturale, il prouve que l’aménagement intérieur peut être bien plus qu’une simple accumulation d’éléments esthétiques : une véritable mise en scène, pensée avec le cœur et avec sens. Une philosophie qui, au-delà du design, reflète une manière d’habiter, de ressentir et de partager un espace unique, à la croisée entre passion et savoir-faire.

La boutique abrite des pièces des artiste et photographe lausannois Alain Huck et Matthieu Gafsou qui présentent leur travail à Plateforme 10 jusqu'en septembre.
Texte par Monica D'Andrea